Le tie and dye, une technique ancestrale de teinture des tissus
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"Nouer et teindre"
Signifiant littéralement « nouer et teindre », le tie and dye est une technique très ancienne de coloration des tissus dite « coloration par épargne » ou encore « teinture à réserve ». Le principe est de nouer le tissu à l'aide de ligatures réalisées avec du fil de coton, puis de le tremper dans des bains de teinture. Ainsi, certaines parties du tissu sont au contact de la teinture, alors que d'autres en sont préservées.
Un savoir-faire multiculturel
Le tie and dye est utilisé en Afrique de l'Ouest, mais d'autres techniques proches sont employées dans diverses régions du monde.
Le batik indonésien, provenant de l'île de Java, remplace le nouage par l'application de cire chaude sur les parties du tissus qu'on souhaite épargner de la teinture.
L'ikat est un procédé qu'on retrouve aussi en Indonésie, ainsi qu'au Japon et en Amérique, consiste à teindre le tissu avant de réaliser le tissage.
Les Japonais connaissent aussi le shibori et ses six variantes permettant d'obtenir des résultats très divers, ainsi que l'echigo-joju, technique de fabrication du papier de ramie dans la région d'Uonuma.
Pour terminer ce tour du monde, citons enfin l'adire alabere, technique nigérianne donnant des tissus bleus indigo à motifs géométriques.
Plus récemment, la culture hippie s'est appropriée le tie and dye dans les années 1970 aux Etats-Unis avec des motifs en spirale très colorés. Un style très psychédélique !
Le nouage
En Afrique, le nouage des tissus est traditionnellement effectué par les hommes. Cette étape détermine les motifs qui se formeront lors du bain de teinture. En complément du nouage, d'autres procédés permettent d'obtenir une multitude de dessins : l'enroulage, le pliage, la couture, la torsion ou encore la compression.

La teinture
Une fois les tissus noués, les teinturières prennent le relais et les plongent dans des bassines contenant la teinture mélangée à de l'eau très chaude. La durée du bain va déterminer l'intensité de la coloration. A sa sortie, les tissus sont rincés à l'eau claire pour enlever les excédents de teinture. Enfin, les ligatures sont coupées, et c'est alors que les artisans découvrent le résultat de leur travail. J'aime beaucoup assister à ce moment un peu magique où je vois de déployer devant mes yeux ces nuances de couleurs qui habilleront mes client(e)s. Il ne reste alors plus qu’à étendre les tissus et les laisser sécher à l’air libre.

Les gants de protection que portent les teinturières ne servent pas à les protéger de quelconque produit toxique, mais simplement les protéger de la chaleur du bain et éviter qu'elle finisse la journée avec des mains multicolores ! En effet, les teintures sont végétales et naturelles, aucun produit chimique n'est utilisé, conformément aux engagements de Kalyca pour une production éco responsable. Les teinturières fabriquent elles-même les mixtures à partir de noyaux d'avocats, d'écorces d'arbres, d'oignons, etc. Le pigment indigo provient lui du nord de la Côte d'Ivoire.
Le fait-main : comment je travaille avec les artisans
Comme toutes les techniques artisanales, le produit fini n’est jamais exactement le même. Les motifs dépendant du nouage, ils ne se répètent jamais totalement à l’identique. Quant aux couleurs, les teinturières sont bien souvent incapables de reproduire deux fois les mêmes teintes, car elles préparent les bains de teinture au jugé. Je leur laisse beaucoup de liberté sur les teintes. Et je ne suis jamais déçue ! Véritables artistes, elles savent combiner les couleurs pour obtenir des résultats harmonieux.
La contrepartie de ce travail artisanal est qu’une fois que le tissu est terminé, je ne peux pas relancer la production d’un modèle. Chaque vêtement tie and dye Kalyca est donc fabriqué en très peu d'exemplaires et chaque pièce est unique... et le restera !
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